Si nous voulons progresser intégralement, il nous faut ériger en notre être conscient une synthèse mentale forte et pure qui puisse nous servir de protection contre les tentations du dehors, de point de repère pour nous éviter tout détour, de phare pour éclairer notre route sur l’océan mouvant de la vie.
Chacun doit construire cette synthèse mentale suivant ses propres tendances, ses propres affinités, ses propres aspirations. Mais si nous la voulons vraiment vivante et lumineuse, il faudra qu’elle ait à son centre l’idée qui est la représentation intellectuelle symbolique de Ce qui est au centre de notre être, de Ce qui est notre vie et notre lumière.
Cette idée exprimée en paroles sublimes a été enseignée sous des formes diverses par tous les grands Instructeurs à travers tous les pays et tous les temps.
Le Moi de chacun et le Grand Moi universel ne font qu’un.
Tout ce qui est étant de toute éternité dans son essence et son principe, pourquoi distinguer entre l’être et son origine, entre nous-même et ce que nous plaçons au commencement ?
C’est avec raison que d’anciennes traditions disaient :
« Nous et notre origine, nous et notre Dieu sommes un. »
Et cette unité doit s’entendre non point comme un simple rapport d’union plus ou moins étroite et intime, mais comme une identité véritable.
Ainsi, quand il essaie de remonter de proche en proche jusqu’à l’inaccessible, l’homme qui cherche le divin oublie que toute sa connaissance et toute son intuition ne sauraient lui faire faire un pas dans cet infini, et il ne sait pas que ce qu’il veut atteindre, que ce qu’il croit si loin de lui est en lui.
Et comment pourrait-il savoir quelque chose de l’origine tant qu’il ne prend pas conscience de cette origine en lui-même ?
C’est en se comprenant lui même, en apprenant à se connaître qu’il peut faire la découverte suprême et, émerveillé, s’écrier comme le patriarche dont parle la Bible : « C’est ici la maison de Dieu et moi je ne le savais pas. »
C’est pourquoi il faut exprimer la pensée sublime, créatrice des mondes matériels, faire entendre à tous la parole qui remplit les cieux et la terre : « je suis en toute chose et en chaque être. »
La Mère • 1912